mardi 6 janvier 2009

Toujours vers le futur

Allez, j'ai pas beaucoup lu pendant les vacances de Noël, mais le recueil de nouvelles de Frederic Brown m'en a offert une autre sympathique que je vous propose ci-dessous.
À la suite j'colle la liste de ziq de Noël afin d'en attaquer une nouvelle.

Plijadur ha Bloavezh Mat deoc'h.

Titre original : Sentry
première parution dans le recueil Honeymoon in Hell,
Bantam, 1958

La sentinelle

Il était trempé et tout boueux ; il avait faim et il était gelé ; et il se trouvait à cinquante mille années-lumière de chez lui.
La clarté qui le baignait provenait d'un étrange soleil bleu, et la pesanteur, du double de celle à laquelle il était habitué, lui rendait pénible le moindre mouvement.
Dans cette partie de l'univers, depuis plusieurs dizaines de milliers d'années, la guerre s'était figée en guerre de position. les pilotes avaient la vie belle, dans leurs beaux astronefs, avec leurs armes toujours plus perfectionnées. Mais dès qu'on arrivait aux choses sérieuses, c'était encore au fantassin, à la piétaille, que revenait la tâche de prendre les positions et de les défendre coûte que coûte. Et voilà que cette saloperie de planète orbitant autour d'une étoile dont il n'avait
jamais entendu parler avant qu'on l'y dépose devenait "un sol sacré", parce que les "Étrangers" si trouvaient aussi. Les Étrangers, c'est-à-dire la seule autre espèce intelligente de toute la Galaxie... des êtres monstrueux, cruels et hideux.
Le premier contact avec eux avait eu lieu près du Centre galactique, alors que nous avions colonisé lentement, et avec de grandes difficultés, douze mille planètes. Et les hostilités avaient aussitôt éclaté : les Étrangers avaient ouvert le feu sans chercher à négocier ou à envisager des
relations pacifiques.
Maintenant, comme autant d'ilots dans l'océan du Cosmos, chaque planète était l'enjeu de combats féroces et acharnée.
Gelé, trempé, boueux, il avait faim et un vent féroce lui meurtrissait les yeux. Mais comme les Étrangers tentaient une manoeuvre d'infiltration et que la moindre position tenue par une sentinelle devenait un élément vital du dispositif global, il restait en alerte, prêt du feu. À
cinquante mille années-lumière de chez lui, il faisait la guerre sur un monde inconnu, se demandant s'il reverrait jamais son foyer.
Et c'est alors qu'il vit un Étranger ramper vers lui. Il tira une rafale. L'Étranger émit ce bruit affreux et bizarre qu'ils produisent tous en mourant, puis s'immobilisa.
Il frissonna en entendant ce râle, et la vue de l'Étranger le fit frissonner encore plus. On devrait pourtant s'y habituer, à force d'en voir, pensa-t-il - mais il n'y était jamais arrivé. Avec seulement deux bras et deux jambes, et une peau d'un blanc écœurant, nue et sans écailles, ces Étrangers étaient vraiment trop répugnants.







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